Cette vie de tennisman, vous l'avez choisie. Elle vous convient ?
Au départ on a un rêve. Mais c'est un peu vague, on ne sait pas à quoi s'attendre. Je ne connaissais pas tous les sacrifices qu'il fallait faire. J'ignorais qu'il fallait être loin de sa famille, se couper de cette cellule et s'installer dans une bulle où on ne pense qu'à ça.
Vous avez l'impression que vous avez sacrifié votre adolescence ?
Si c'était à refaire, je ne partirais pas si tôt de chez moi. Je suis parti pour Poitiers, j'avais onze ans et demi. L'éloignement avec ma famille était dur à vivre, tu perds de vue aussi tous tes amis d'enfance. Je me suis construit en dehors avec des entraîneurs qui ont eu un rôle très important, comme Dominique Poey ou Luigi Borfiga à l'INSEP. Ils ont pris le relais de mes parents ainsi que de mes frères et s½ur. Il y a eu des moments extrêmement difficiles mais je m'accrochais à mon rêve d'être joueur professionnel, de jouer un jour en Coupe Davis.
Mais il y a eu de belles récompenses, comme ce titre à Wimbledon chez les juniors en 2000...
Là, effectivement, tu te dis que tu ne fais pas ça pour rien. Mais on est en perpétuelle recherche d'objectifs. J'ai achevé l'année 2006 au 68ème rang mondial et c'était une grande satisfaction. Après le décès de ma mère, ça a vraiment été difficile, j'avais perdu de vue tout ce pour quoi j'avais travaillé. Ma famille a été importante pour moi. Elle m'a fait comprendre que j'avais parcouru tout ce chemin, qu'il me restait six ou sept ans à jouer et qu'il fallait que j'aille jusqu'au bout, que je n'aie pas de regrets. Fin 2005 j'ai répondu à des questions. Quand tu repars 150ème à l'ATP, il faut y aller étape par étape. Ce qui s'est passé. Je suis revenu dans les 100 premiers, et maintenant je suis installé dans les 60. Le bilan a été positif. J'avais su réagir.
En dehors des périodes de tournois, vous reste-t-il un peu de temps pour revenir à Angers ?
Dès que je peux, je viens me ressourcer à Angers. Dès que j'aurais été éliminé en double à Melbourne [il jouait son quart de finale peu après cette interview...] et que j'aurais posé le pied à Roissy, je prendrai ma voiture et je filerai à Angers. J'ai besoin de voir mon père. Mes deux frères sont encore là-bas. Je vois leurs enfants. Deux ou trois jours, ça me ressource complètement. Le seul inconvénient c'est que ma s½ur, avec qui j'entretiens des rapports privilégiés, a déménagé à Lyon, et je la vois moins...
Après quoi courez-vous dans votre discipline ? Le beau geste, l'épanouissement ?
Il y a la bagarre du match. On passe par plein d'états : le stress d'avant match dans le vestiaire, le doute, l'euphorie, le combat tactique. La satisfaction est éphémère, elle survient lors de la balle de match. Mais c'est furtif, il faut déjà se replonger dans le match suivant. J'ajoute que lorsqu'on a la chance de jouer devant un public important, la sensation est encore plus forte.
Mais votre quotidien n'est pas d'évoluer dans des stades pleins...
C'est vrai que même en Grand Chelem, on joue parfois dans l'anonymat. Mon premier tour face à Juan Monaco, je l'ai joué sur le court 15, au fond de Melbourne Park. À la limite, j'étais plus près de mon hôtel que du Central ! Mais on sait qu'il faut passer par là, par l'ombre, pour être ensuite plongé dans la lumière.
À part le tennis, vous vous passionnez pour quels autres sports ?
Je crois que cela se sait : je suis un inconditionnel du PSG. C'est d'autant plus surprenant que plus jeune, j'avais fait un sport-études à Nantes, à la Jonelière, donc à deux pas des pros du FCNA. Je suis devenu supporter du PSG lorsque j'étais à l'INSEP. Je me souviens parfaitement avoir assisté à une demi-finale de coupe de la Ligue contre Lens. C'était la première fois que je rentrais au Parc des Princes. Il y avait une ambiance incroyable. J'avais été pris au jeu. Bon, depuis que je les supporte... ils ne gagnent plus. Avec les résultats actuels, je fais profil bas. Mais je ne changerai pas de casaque ! Je m'entraîne souvent avec le maillot du PSG et j'en suis fier !
À part le foot ?
Je me suis mis au golf. C'est-à-dire qu'avec tout le monde qui s'y est mis, joueurs, coaches, si tu ne t'y mets pas, tu es largué dans les discussions. Il y a plein de similitudes avec le tennis. J'ai eu la chance de faire deux 18 trous et je me suis étonné à me déconnecter complètement.
Quels sont vos objectifs ?
Les Jeux Olympiques. D'après les critères de sélection, la course vers Pékin va véritablement commencer après Roland-Garros. L'objectif, c'est d'être sélectionné. Ensuite, viser une médaille. Le fait d'avoir passer deux ans à l'INSEP m'a donné goût aux Jeux. Je me souviens de tous les matches d'Arnaud Di Pasquale lorsqu'il a décroché le bronze à Sydney en 2000. Évidemment, il y a aussi une histoire d'amitié avec Julien Benneteau. Quand on est devenus champions du monde en 1999, on s'était fixé trois buts : gagner un Grand Chelem, jouer en Coupe Davis et remporter une médaille aux JO.
MissFrRichie, Posté le vendredi 23 mars 2007 14:41
trop bien cette interview...